Crime parfait face aux côtes Galiciens

Le Fou de Bassan (Morus bassanus) en passage migratoire à Estaca de Bares

Ce 9 mars 2023 se fête pour première foi le Jour du Naturalisme Galicien (en commémorant le jour de la naissance de Martín Sarmiento, écrivain et érudit bénédictin espagnol) ADEGA, FEG, G.N. Hábitat, SGO, SGHN et Verdegaia veulent dénoncer la préparation d’un crime parfait face aux côtes galiciennes

La zone marine face au nord-ouest de la péninsule Ibérique est d’une extraordinaire importance à niveau européen, atlantique et même mondial, comme couloir de migration et comme zone d’hivernage pour des centaines d’oiseaux marins de douzaines d’espèces. Elle est, en plus, survolée par d’immense nombre d’oiseaux non marins en migration, fréquemment nocturnes, entre l’ouest de l’Ibérie, le nord de l’Europe, le Groenland ou le Canada. À cause de cela, la mer face à la Galice devient un des embouteillages de passage d’oiseaux de plus grande responsabilité conservatrice du designé «East Atlantic Flyway»: la trajectoire migratoire des oiseaux que deux fois par an volent dès l’ouest d’Afrique au nord d’Europe et zones proches.

Maintenant, en grande partie grâce au travail désintéressé des naturalistes (qui comptent les mouvements de ces oiseaux dès les caps, surtout dès Estaca de Bares, avec des données depuis un demi-siècle), la science et la population en général connaissent les impressionnantes dimensions du phénomène des mouvements des oiseaux marins dans les eaux les plus proches de la terre, qui commencent même à devenir une forme de recours touristique.

Malheureusement, on connaît encore très peu sur l’importance qu’ont les eaux extérieures (plus de quatorze milles loin des côtes) autant pour les oiseaux marins comme pour les non marins, jusqu’à là-bas n’arrivent pas les naturalistes. Jusqu’où peut arriver seulement la recherche scientifique professionnelle, à travers du personnel, des bateaux, du temps et des devis appropriés. Sans aucun doute, dans ces eaux extérieures, il y a aussi beaucoup d’oiseaux. C’est pour cela qu’il est urgent de connaître où, quand et comment s’y présenter. Il faut tenir en compte que les oiseaux dans l’océan sont nomades, vu que leur distribution dépend de multiples facteurs saisonniers, météorologiques, et d’autres, qui affectent, en plus, de façon différente chaque espèce. À cause de ce manque d’information, il existe seulement une «ZEPA» (Zona de Especial Protección para las Aves, Zone de Spéciale Protection pour les Oiseaux) dans les eaux extérieures —dans le «Banque de la Galice», juste où on a recherché  la présence d’oiseaux—, pendant que près de la terre il y a quatre ZEPA en Galice, même si elles sont insuffisantes pour protéger tout le couloir migratoire marin proche à la côte.

Le très grave erreur du POEM

Le «Plan de Ordenación del Espacio Marítimo» (POEM, Plan de Règlement de l’Espace Marin), récemment approuvé, propose comme «zones de fort potentiel pour la conservation de la biodiversité» une succession de parties proches de la terre, dans une bande de largeur inégale étendue depuis Cabo de Peñas jusqu’à les Rias Baixas, et une zone isolée juste au Nord d’Estaca de Bares. Vu qu’après, le POEM reconnaît l’importance pour les oiseaux de tous les lieux dont on a fait des recherches. Mais, même en oubliant de façon inacceptable le principe de précaution, le POEM inclut une bonne partie de ces eaux extérieures en cinq “zones de fort potentiel pour le déroulement de l’énergie éolienne marine”: une d’elles serait la plus grande de toute l’Espagne et ensemble elles représentent le 54% de la superficie de ces zones à niveau de l’État. Encore plus, trois de ces cinq zones du POEM sont juste dans un couloir qui n’a pas été protégé entre le ZEPA, qui protège l’environnement entre Estaca de Bares, et la zone nord de ce même cap que le propre POEM définit comme “zone de fort potentiel pour la conservation de la biodiversité”.

Cette grave erreur doit être inversée. En application du principe “en premier, la recherche et après le classement”, le POEM devrait proposer des études et de la prudence, et ne pas situer ces “zones de fort potentiel pour le développement de l’énergie marine” dans des lieux dont l’importance pour les oiseaux est évidente de supposer, en vue des résultats des recherches menées tant dans le Banco de Galicia (ZEPA) comme dans la zone au nord de Estaca de Bares.

Le “crime parfait”: la mortalité des oiseaux dans les parcs éoliens.

Les données indiquent que le risque de collision des oiseaux contre les turbines éoliennes est plus grand dans les lieux avec un grand nombre d’oiseaux migratoires qui, en plus, présentent avec les oiseaux hivernants, un plus grand taux de mortalité que les oiseaux résidents.

Lorsqu’on a demandé de l’information à la Xunta de Galicia sur la mortalité des oiseaux (et des chauve-souris) dans les parcs éoliens terrestres, celle-ci n’a jamais été facilitée. Malgré tout, on peut toujours disposer pour cela d’évaluations indépendantes faites par des naturalistes ou des associations environnementalistes. 

Mais ceci ne sera pas possible pour les parcs éoliens marins. Il n’y aura pas de témoins gênants pour les grandes corporations énergétiques: avec l’exception d’une paire d’ONG internationales, aucune association ne dispose de moyens humains, techniques et économiques pour faire ces études en haute mer. Il n’y aura (presque) de cadavres, car ils seront rapidement dispersés  par les courants marins: c’est à cause des recherches sur les marées noires que nous savons qu’il n’arrive à la côte qu’ à peine un 10% d’oiseaux victimes. Ce sont les ingrédients d’un crime parfait.

Pour tout cela, les associations qui ont signé exigent que dans l’application du principe de prudence, n’importe quel plan de parcs éoliens marins dans le secteur nord-occidental de la péninsule Ibérique compte d’avance, comme minimum, avec une étude complète préalable de la distribution saisonnière des populations des différentes espèces d’oiseaux marins qu’utilise cette zone, ainsi comme des oiseaux terrestres qui traversent les parcs dans leurs migrations.  Cette étude doit être publique et indépendante et s’étendre pendant plusieurs années, comme finalité d’avoir plus d’information sur la vaste variabilité de présence interannuelle dans ces eaux des différentes espèces.

Sur ce point, il faut remarquer que, en plus des espèces menacées d’extinction, les vulnérables à la modification de leur habitat, les rares par leur manque ou distribution restreinte, la Directive Oiseaux établit qu’ils seront objet de mesures spéciales en tant que leur habitat “les autres espèces migratoires d’arrivée régulière,  compte tenu des besoins de protection dans la zone géographique marine et terrestre en ce qui concerne leurs zones de reproduction, de mue, d’hivernage et de repos dans leurs lieux de migration”.

Quelques données sur la présence d’oiseaux dans la mer galicienne

Importance internationale comme passage migratoire d’oiseaux marins

Les données disponibles à cet égard, prises par des naturalistes sur le terrain, ne sont que «la partie émergée de l’iceberg» de ce phénomène, lequel a atteint une importance internationale. Même en l’absence d’études sur les mouvements d’oiseaux dans les zones pélagiques, ou d’atlas de la répartition saisonnière des dizaines d’espèces présentées ici (ce qu’ils ont dans d’autres pays européens), l’importance des eaux en face de la Galice en ce sens est amplement démontré.

Ainsi, seule la distance visible de la terre traverse la Galice chaque année, dans certains cas au printemps et en automne (sur l’aller-retour de leurs migrations), plus de 50% de la population mondiale du Fou de Bassan (Morus bassanus) et du Puffin des Baléares (Puffinus mauretanicus); 9 à 10 % de la population mondiale du Puffinus (Puffinus puffinus), du Puffin cendré (Calonectris borealis) et du Grand Labbe (Catharacta skua); et plus de 1 à 5% de la population mondiale du Macreuse noire (Melanitta nigra), du Sterne pierregarin (Sterna hirundo) et du Sterne caugek (Thalasseus sandvicensis)… et d’autres espèces.

Tout cela fait du couloir migratoire des oiseaux marins au large de la Galice l’un des plus importants d’Europe et de l’Atlantique, au même niveau que le détroit de Gibraltar ou le Canal de la Manche.

Migrations d’oiseaux non marins

Il s’avère que plusieurs études récentes soulignent l’existence d’un important flux migratoire nocturne d’oiseaux non marins (terrestres et aquatiques) au-dessus du golfe de Gascogne (Biscaye). Un exemple: rien que pour les oiseaux terrestres qui migrent de nuit entre le nord de la péninsule Ibérique (Galice – Pays basque) et la France, on a récemment estimé qu’ils totalisent environ 166 millions d’individus au printemps, et 215 millions en automne. A ces chiffres s’ajoutent ceux des oiseaux marins. Et, bien sûr, aussi ceux (terrestres et aquatiques) qui volent entre le nord-ouest ibérique et des régions telles que les îles britanniques, le Groenland, le Canada, la Sibérie, les côtes africaines…

Zone très importante de hivernage d’oiseaux marins

Bien que l’hivernage des oiseaux marins dans les zones extérieures de la mer galicienne n’ait jamais été étudié, les conséquences des marées noires successives qui ont dévasté la côte galicienne révèlent leur importance incontestable: il suffit de rappeler qu’en 2002 la catastrophe du pétrolier Prestige a touché, selon diverses études, entre 115 000 et 250 000 oiseaux, dont beaucoup sont inclus dans le «Livre rouge des Oiseaux d’Espagne».

Ressources:

Text traduit par Lucía Villaverde Rey (étudiante du Degré de Traduction et Interprétation de l’Université de Vigo).