Pour la défense des mammifères marins

“On ne verra plus que quelques restes de cette espèce gigantesque, ses débris deviendront une poussière que les vents disperseront, et elle ne subsistera que dans le souvenir des hommes et dans les tableaux du génie”. Lacépède

Pour ceux d’entre nous qui travaillons près des mammifères marins, dans un présent favorable pour les cétacés, après des siècles d’abattages, c’est un honneur de jeter un coup d’œil en arrière et remercier nos collègues des premiers temps de la S.G.H.N. qui ont semé les germes de la sensibilité et de l’étude des mammifères qui vivent dans la mer de notre communauté. On voudrait être un organe vivant de cette époque pour qu’on éprouve un sentiment de satisfaction d’une manière plus forte, si possible, en contribuant à éradiquer la chasse industrielle à la baleine à Galice et en Espagne. Il va sans dire l’admiration qu’ils nous inspirent et la fierté d’appartenir à la même société.

La chasse à la baleine est une activité qui est connue sur notre terre depuis le XIIIe siècle, réalisée de manière artisanale. C’est au XXe siècle que le secteur baleinier commence à agir comme tel, avec l’activité de deux entreprises en 1924, qui ont fermé à la fin de cette décennie. Dans les années 50 la chasse à la baleine a repris à Galice, le seul endroit en Espagne où les gens la pratiquaient à ce moment-là, avec l’activité de deux entreprises appelés Masso Hermano et IBSA, et de trois usines : Morás (Lugo), Caneliñas (Cee) et Balea (Cangas), approvisionnés par cinq baleiniers : Lobeiro, Carrumeiro, Ibsa I, Ibsa II, qui ont coulé à cause d’un attentat à l’explosif dans le port de Marín, et l’ Ibsa III.

En 1974, l’entreprise internationale Taiyo (Japon) a signé un accord d’achat de la totalité de la masse musculaire des baleines avec l’entreprise IBSA, qui appartient principalement à la famille des conserveurs Massó de Pontevedra et à l’homme politique Iglesias Corral. En raison d’intérêts économiques, cet accord a représenté une augmentation considérable de la quantité de captures et des exemplaires immatures appartenant à des espèces menacées. IBSA chassait un nombre d’exemplaires supérieur aux conventions internationales. Ils capturaient des espèces protégées sans aucun contrôle. La plupart des prises concernent le rorqual commun, le grand cachalot et la baleine bleue. Ils ne respectaient pas les tailles minimales, le nombre des captures, la chasse aux baleineaux ou aux femelles avec leurs petits. Ils ne respectaient pas non plus les accords législatifs comme celui de 1947, qui ne permettait que la chasse d’une baleine par bateau et par jour. Toutes les tentatives de visiter les usines pour voir leur fonctionnement étaient entravés notamment par le biais de menaces physiques et, par conséquent, il fallait les observer de l’extérieur.

La population a commencé à rejeter de plus en plus l’extermination des baleines en signe de l’irrationalité de l’industrie, qui ne cherche que à faire du profit. La sensibilisation au respect de la nature et des êtres vivants autour de nous commence à se dégager et devient une réalité dans la SGHN, où une commission a été créée pour fournir des informations sur la situation des cétacés dans les eaux de Galice. Avec les résultats obtenus, en 1980 une campagne a été lancée sous le slogan “Contre la chasse à la baleine à Galice, en faveur d’une législation protectionniste pour les mammifères marins”, et a fait l’objet d’une large acceptation de la population en soutenant la demande de moratoire.

Cette même année la Sección de Bioloxía Mariña (Section de Biologie Marine) de la SGHN publie “As Baleas cara á extinción” (Les baleines menacées d’extinction), dont les auteurs ont été Carlos Durán Neira, Xosé Manuel Penas Patiño et Antonio Piñeiro Seage. Les illustrations de María Xosé López Barral et les affiches de Carlos Silvar illustrent le souci d’un sujet destiné à atteindre la majorité de la population. Les principales villes galiciennes ont été parcourues avec un haut-parleur et une baleine gonflable, comme représentation de la volonté de les protéger, pour exiger un moratoire illimité sur la chasse des mammifères marins dans nos eaux côtières et leur protection visée par la Lei Xeral de Medioambiente (Loi générale sur l’environnement). L’association Greenpeace, qui lutte dans la mer contre la chasse à la baleine à Galice depuis 1978, se met dans le chemin des baleiniers en plein océan avec des petites embarcations pneumatiques. Son bateau, le Rainbow Warrior, a été capturé par la Marine Espagnole. Il a été emmené au port de Ferrol, où son équipage a été retenu pendant cinq mois, jusqu’à ce que le bâtiment écologiste a réussi à s’enfuir. La SGHN a fait des réunions avec eux (Remi Parmentier) à la Corogne et à Ferrol.

La campagne lancée pour la demande de moratoire a été soutenue par des milliers de personnes et par d’autres organisations de toute la péninsule. Des recherches scientifiques concernées par lescorps que la mer laissait au bord de la plage sont apparus à l’issue de tout cet intérêt pour les mammifères marins. En 1980, non seulement les gens avaient commencé à respecter et protéger les cétacés, mais ils ont commencé à s’intéresser à la connaissance des étranges mammifères marins et à leur biologie, car il y avait très peu d’études sur ces animaux, et elles étaient anciennes [il faudrait remonter à la fin du XIXe siècle (López Seoane et Graells), ou au début du XXe siècle, (Cabrera)] et difficiles à trouver. D’où l’intérêt de garder des données mises à jour et des matériaux mis au point. L’été 1981, la SGHN a organisé à Santiago les «I Xornadas Ibéricas de Mamíferos Mariños» (I Journées Ibériques des Mammifères Marins) afin de procéder à un échange d’information. Des renseignements et des méthodes de travail ont été échangés. Cet échange a permis d’établir, parmi d’autres accords, la nécessité d’un contrôle sérieux et régulier de la part de l’Administration.

La SGHN, ainsi que ASECA, AEPDEN, ADEGA, Amics de la Terra, Andalus, GEG, MEVO et Katagorri Taldea ont présenté un mémoire garanti par 120.000 signatures auprès du Soussecrétariat de la pêche, pour appeler à la cessation des activités baleinières, et demander la fourniture des informations de caractère scientifique et des captures, qui s’étendent à tous les partis politiques et qui entraînent des interpellations parlementaires. Le 16 décembre, une proposition de loi, adoptée en février 1982, pour la cessation de l’activité industrielle dans la chasse à la baleine a été présentée. La délégation espagnole a également présenté devant le CBI (Commission baleinière internationale), au cours de sa 34 réunion, son point de vue favorable à la cessation de la capture de cétacés, ce qui a été essentiel pour l’adoption du moratoire international.

Comme Penas Patiño et Piñeiro Seage disaient dans leur livre Cetáceos, focas e tartarugas mariñas das costas Ibéricas (Cétacés, phoques et tortues marines des côtes ibériques):

“Le moratoire adopté est une victoire importante pour tous les groupes écologistes de l’Espagne et pour tous ceux qui, dans le monde, pensent que l’être humain doit apprendre à partager la planète et à exploiter raisonnablement les ressources parce que les activités de l’espèce humaine ne doivent en aucun cas entraîner l’extinction d’aucune autre espèce”.

Text traduit par Sol Chicano de Sosa (étudiant du Degré de Traduction et Interprétation de l’Université de Vigo).