Limia: rivière de l’oubli dans la légende, rivière oubliée dans la réalité

Un collapse hydrologique chronique

Dans l’embouchure du Limia (comme dans le reste de la démarcation Miño-Sil) les supposés «débits minimums écologiques» qui a fixé la Confédération Hydrologique sont si bas qu’ils n’accomplissent pas ce qui a été établi dans l’Instruction pour la Planification Hydrologique. Mais les données officielles des 10 ans derniers montrent qu’on ne respecte même pas ces «débits infimes»:

  • Chaque trois jours, on ne respecte pas le débit écologique minimum (1.172 jours).
  • Le débit écologique minimum n’a pas été respecté à plusieurs reprises pendant plus de trois mois consécutifs (années 2013, 2014, 2016, 2019, 2020).
  • Un jour sur neuf on n’est pas arrivé à la moitié du débit écologique minimum (417 jours).
  • Le débit est arrivé à s’effondrer jusqu’à des chiffres 10 fois inférieurs au débit écologique minimum.
  • Les débits maximaux enregistrés représentent à peine la moitié du débit générateur (qui «régule la structure géomorphologique des cours d’eau, en évitant leur rétrécissement progressif et leur colonisation», arrêté ARM/2656/2008), et avec une fréquence à peine inférieure à ce qui est nécessaire.

Le problème hydrologique des sources du Limia n’est pas conjoncturel, mais structurel, comme le révèlent les données du «rapport de développement et de suivi». Année 2020. Plan hydrologique pour le cycle 2015-2021. Partie espagnole de la démarcation hydrographique du Miño-Sil, publié par la Confédération hydrographique du Miño-Sil :

  • Loin d’être normale (verte dans le graphique ci-dessous), la situation n’a été «normale» qu’un mois sur trois.
  • La situation «d’alerte précoce» (jaune dans le graphique)a été aussi fréquente que la situation «normale» (un mois sur trois).
  • La situation «d’alerte» (orange dans le graphique) a été atteinte une fois tous les cinq mois et tous les ans.
  • La situation «d’urgence» (rouge dans le graphique) a été atteinte une fois tous les neuf mois et tous les ans.

Les causes de l’effondrement

Comme la reconnu le président de la Confédération hydrographique du Miño-Sil dans sa réponse à la SGHN il y a 10 ans : «L’analyse historique des débits de cet organisme nous permet de constater que c’est depuis la fin des années 1990 qu’une diminution moyenne des débits est observée au cours de la même période juillet-septembre». En ce sens, il convient de noter que cette diminution des flux :

  • Elle ne peut être due à une augmentation de la consommation pour l’alimentation humaine (ou pour l’industrie quasi inexistante), car la population d’A Limia diminue de 1,1 % par an depuis 1999.
  • Elle coïncide exactement avec une augmentation spectaculaire des élevages industriels.
  • Cela coïncide exactement avec une augmentation énorme de l’irrigation.
Batterie de 5 moteurs pompant directement l’eau du fleuve Limia: invisible et inaudible pour les autorités compétente
Moteur pompant à la ZEPA A Limia
Champ d’oignons arrosé «un peu de plus»
La rivière Limia sèche à son passage par Xinzo de «ex-Limia»
Rivière Faramontaos à Zós

L’effondrement hydrologique menace les espaces naturels…

L’effondrement hydrologique chronique dans les sources du système Limia est particulièrement préoccupant en raison de ses graves effets sur les valeurs environnementales (flore, faune, paysage) des zones naturelles du bassin du Limia protégées par 6 indices de protection :

  • La Zone de Protection Spéciale des Oiseaux de A Limia (ZEPA ES0000436) et sa Zone de Protection Périphérique, qui aurait dû approuver un «Plan de Développement Durable» il y a plus de 11 ans… si la Xunta de Galicia respectait ses propres décrets (Art. 6 du Décret 411/2019).
  • La Zone Spéciale de Conservation «Veigas de Ponteliñares» (ZEC ES1130006).
  • La Réserve de Biosphère «Área de Allariz».
  • La Réserve de Biosphère Transfrontalière Gerês-Xurés, qui comprend le Parc Naturel Baixa Limia et Serra do Xurés du côté espagnol et le Parc National Peneda Gêrés du côté portugais.
ZEC Veiga de Ponteliñares et ZEPA da Limia
Veiga de Gomareite (ZEPA da Limia; antique lagune de Antela)

…et aussi les joyaux du seuil de la biodiversité

La situation d’urgence hydrologique récurrente fait peser un risque très sérieux sur la conservation d’au moins 12 taxons de flore et de faune menacés au niveau régional, national et/ou européen :

  • Pilularia globulifera (pilulaire), une fougère incluse dans la catégorie «En danger d’extinction» dans le Catalogue des Espèces Menacées de Galice (CGEA) et dans la «Liste Rouge 2008 de la flore vasculaire espagnole» (Moreno, 2008).
  • Eryngium viviparum (panicaut vivipare), umbellifera incluse dans la catégorie «En danger» dans le CGEA et dans les listes rouges de l’UICN (Lansdown, 2011) et de la flore vasculaire espagnole (Moreno, 2008), et dans la catégorie «Prioritaire» dans l’annexe II de la directive 92/43/CEE.
  • Gasterosteus aculeatus (épinoche à trois épines), poisson inclus dans la catégorie «Vulnérable» de la CGEA.
  • Hyla molleri (rainette ibérique) et Pelobates cultripes (pélobate cultripède), amphibiens inscrits dans la catégorie «Vulnérable» du CGEA.
  • Anas crecca (sarcelle d’hiver), Burhinus oedicnemus (œdicnème eurasien), Tetrax tetrax (outarde canepetière), Vanellus vanellus (vanneau huppé) et Gallinago gallinago (bécassine des marais), oiseaux dont les populations reproductrices sont classées dans la catégorie «En danger» du CGEA.
  • Himantopus himantopus (échasse blanche) et Ixobrichus minutus (blongios nain), oiseaux inclus dans la catégorie «vulnérable» de la CGEA.
Eryngium viviparum (panicaut vivipare)
Vanellus vanellus (vanneau huppé)
Himantopus himantopus (échasse blanche)
Pelobates cultripes (pélobate cultripède)

Pétitions du SGHN au MITERD

Au vu de la situation dramatique des cours d’eau et des zones humides de l’amont du système Limia, la SGHN a envoyé des courriers à tous les services du Ministère de la Transition écologique compétents en la matière: Cabinet du Ministre, Directeur Général de l’Eau, Directeur Général de la Biodiversité, des Forêts et de la Désertification et Président de la Confédération Hydrographique de Miño-Sil pour demander que:

  • Aucune nouvelle utilisation de l’eau ne soit accordée dans les eaux d’amont du système Limia, à l’exception de l’approvisionnement des populations.
  • Toutes les concessions existantes (à l’exception de l’approvisionnement) dans les sources du système Limia doivent être révisées afin de les adapter à la réalité hydrologique et de garantir le respect des débits écologiques et génératifs établis dans le plan hydrologique.
  • Définir et appliquer un protocole d’action pour les situations de pré-alerte, d’alerte et d’urgence dans le système Limia afin de garantir la conformité avec la loi sur l’eau et le plan hydrologique du bassin hydrographique.
  • Le percentile 10 % est utilisé pour définir les débits écologiques minimaux, en tant que valeur intermédiaire entre ceux autorisés par l’instruction relative à la planification hydrologique (5-15 %) et en tant que «valeur de consensus salomonien» entre les exigences de consommation et les exigences environnementales. En tout état de cause, quel que soit le percentile choisi, l’intervalle de temps pour le calcul du percentile doit être le même que l’intervalle de temps pour l’application du débit écologique.
  • Apliquer l’article 2.27 de la directive 2000/60/CE, qui définit la ressource en eau souterraine disponible comme «la valeur moyenne interannuelle du taux de recharge total de la masse d’eau souterraine, moins le débit moyen interannuel nécessaire pour atteindre les objectifs de qualité écologique pour les eaux de surface associées afin d’éviter toute dégradation significative de l’état écologique de ces eaux et tout dommage significatif aux écosystèmes terrestres associés”.
  • Apliquer toutes les mesures nécessaires pour assurer la conservation et, le cas échéant, la récupération des valeurs environnementales qui ont conduit à la déclaration des zones naturelles en tête du système Limia protégées par des instruments nationaux et/ou internationaux : ZEPA ES0000436 «A Limia» (et sa zone de protection périphérique), ZEC ES1130006 «Veigas de Ponteliñares», Réserve de biosphère «Área de Allariz» et Réserve de biosphère transfrontalière Gerês-Xurés, qui comprend le Parc naturel de Baixa Limia et Serra do Xurés du côté espagnol et le Parc national de Peneda Gêrés du côté portugais.
  • Apliquer toutes les mesures nécessaires pour garantir la conservation et, le cas échéant, le rétablissement des espèces de flore et de faune présentes dans les eaux d’amont du système de Limia qui figurent dans les catalogues des espèces menacées de Galice et d’Espagne et/ou à l’annexe II de la directive 92/43/CEE.

Text traduit par Lucía Villaverde Rey (étudiante du Degré de Traduction et Interprétation de l’Université de Vigo).