Veiga de Gomareite: une déchetterie incontrôlée devenue un espace précieux pour l’agriculture et la biodiversité

La lacune d’Antela et Veiga de Gomareite

Le drainage de la lacune d’Antela (dont faisait partie la Veiga de Gomareite) et des plaines inondables de la Limia, ainsi que l’aménagement et le détournement de la plupart des cours d’eau, ont déclenché l’épisode d’extinction des espèces le plus dramatique des derniers siècles en Galice, et a également décimé d’autres populations qui sont devenues des espèces considérées comme menacées. À la suite de ces transformations hydrologiques et du délaissement ultérieur de l’élevage extensif, presque tous les pâturages à moitié naturels ont disparu et ceux qui ont survécu sont maintenant très endommagés. Ceci a entraîné une forte chute des espèces habitant ces espaces, dont plusieurs sont devenues des espèces menacées au niveau ibérique, européen et même mondial.

La mise en place des espaces naturels préservés, tels les SIC (Sites d’Importance Communautaire) des veigas de Ponteliñares, les ZPS (Zones de Protection Spéciale) d’A Limia et la Réserve de la biosphère « Area de Allariz » ont a à peine contribué à améliorer l’état des zones humides délaissées et des espèces les plus menacées. En plus, l’absence d’une stratégie pour la diffusion des chances de développement rural liées à ces espaces préservés a provoqué la mésentente profonde avec les habitants concernés.

Emplacement de la Veiga de Gomareite (aire en rouge) dans l’ancienne lacune d’Antela (pourtour en bleu, image à gauche) et par rapport à la ZPS de A Limia (aire en vert) et à sa zone périphérique de protection (aire en bleu, image à droite).

La Veiga de Gomareite autrefois

La « Veiga » (plaine inondable de la Galice) à Vilar de Gomareite a une superficie totale de 70 ha. ; elle se trouve à la limite sud-ouest de la commune de Vilar de Barrio, juste au carrefour de Xunqueira de Ambía et Sarreaus (deux communes dans le nord-est de la plaine de Limia). Ce territoire était autrefois couvert en raison des saisons par les eaux de la lacune d’Antela et de nos jours il fait partie de la ZPS de la Limia. À la suite d’un accord du conseil des territoires communaux de Vilar de Gomareite, la « Veiga » a été divisée en parcelles qui ont été louées à des membres du conseil.

La Veiga de Gomareite (polygone en rouge) en 1955 (à gauche) et 2011 (à droite) et la zone qui a fait l’objet d’une convention de surveillance partagée entre la SGHN et un éleveur (polygone en bleu).

Dans le tiers nord non cultivé de la Veiga de Gomareite, il reste encore le paysage typique des berges de l’ancienne lacune d’Antela et des « veigas » qui l’entouraient, avec des mares saisonnières et une mosaïque de pâturages et de terrains broussailleux plus ou moins humides bien précieux du point de vue environnemental.

C’est grâce à la préservation de ce paysage traditionnel et aux inondations saisonnières que l’aire dénudée de la Veiga de Gomareite accueille un certain nombre d’espèces rares ou classées au catalogue galicien des espèces menacées (Décret de Galice 88/2007), dont les Orchis fragrans, Serapias lingua, Serapias cordigera, Eryngium viviparum, Lepidurus apus, Gasterosteus gymnurus (épinoche), Pelobates cultripes (pélobate cultripède), Hyla arborea (rainette verte), Circus cyaneus (busard Saint-Martin), Circus pygargus (busard cendré), Tetrax tetrax (outarde canepetière), Burhinus oedicnemus (œdicnème criard), Charadriusdubius (petit gravelot), Vanellus vanellus (vanneau huppé), Gallinago gallinago (bécassine des marais) et Numenius arquata (courlis cendré).

Contrat de surveillance partagée de terrains à Veiga de Gomareite

Pour préserver ces remarquables atouts environnementaux, il faut soutenir l’élevage extensif traditionnel et préserver les inondations saisonnières sur une partie du domaine. Il est également indispensable d’éliminer les principaux facteurs de risque, notamment le dépôt de déchets, de débris et empêcher d’autres activités inadmissibles et dommageables à l’environnement et l’envahissement du terrain par des mûres et des hauts buissons.

Dans ces circonstances, la SGHN s’est engagée à prouver qu’il est souhaitable et possible de récupérer les zones humides et les espèces menacées, en partant d’une approche globale intégrant tous les agents concernés, en l’occurrence les agriculteurs et les éleveurs, dans le respect de la biodiversité (la flore, les invertébrés, les poissons, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères). À cette fin, le 5 juin 2014 (Journée mondiale de l’environnement) la SGHN et le locataire détenteur du bail des 16 ha en bleu sur les photographies aériennes de 1955 et de 2011 ont signé un contrat de surveillance partagée de la parcelle non cultivée à Veiga de Gomareite.

Vacas Veiga de Gomareite
Vacas pacendo na Veiga de Gomareite /
Cows in a restored area of Veiga de Gomareite /
Des vaches sur aire récupérée de la Veiga de Gomareite

Les actions de la SGHN à la Veiga de Gomareite

Conformément au contrat de surveillance partagée, on a mené à bien sept journées de nettoyage avec le concours de bénévoles, le traitement des déchets étant pris en charge par la SGHN (3), la Xarxa de Custòdia del Territori (2) et le Programme de parrainage 2017 « Libera Naturaleza sin basura » de SEO/BirdLife-Ecoembes (3). Ceci a permis le ramassage et le traitement de 26 m3 de débris et déchets divers mélangés, de 19 m3 de plastique, de 2 m3 de bois et de rondins, de 1,2 m3 de verre et de 58 pneus.

Deux autres projets ont également été développés avec le « soutien financier et des investissements non productifs associés à l’accomplissement des objectifs agroenvironnementaux et climatiques au sein des municipalités incluses dans le Réseau Natura 2000, financé par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) dans le cadre du programme galicien de développement rural pour la période 2014-2020 ». Le premier s’est déroulé du mois décembre 2016 au mois de janvier 2017, le deuxième depuis le mois d’août jusqu’au mois de septembre 2018. Ces projets ont permis de défricher 2,2 ha et de traiter les résidus en-dessous : a) le ramassage et le dépôt aux services autorisés de 120 m3 de déchets, et b) la récupération de 500 m3 de pierres entassées, qui plus tard (avec l’aide des bénévoles du SGHN) serviraient à mettre sur pied une partie des deux murs limitant les côtés nord et sud de la parcelle.

La Veiga de Gomareite à l’état actuel

On a réussi à atteindre le but qu’on s’est fixé et qui consistait à récupérer la « Veiga », à prolonger les inondations en éliminant les matières déposées comme cela au fil des ans et à rétablir l’agriculture extensive traditionnelle. C’est vrai qu’on pourrait améliorer les étapes déjà programmées, mais le projet est en cours de développement réel. Aujourd’hui, les 16 ha de la Veiga de Gomareite récupérées par la SGHN se ressemblent bien à elles-mêmes avant l’assèchement de la lacune d’Antela.

Veiga de Gomareite despois das obras de setembro de 2018 /
Veiga de Gomareite after the works in September2018 /
La Veiga de Gomareite après les travaux de septembre 2018
Veiga de Gomareite a finais de 2018 /
Veiga de Gomareite in late 2018 /
La Veiga de Gomareite vers la fin de 2018

En hiver et au printemps, la « Veiga » est en partie couverte d’une couche d’eau peu épaisse. C’est grâce à cette couche d’eau que les gelées ne touchent pas à la population d’Eryngiumviviparum (panicaut vivipare), et que des espèces animales peuvent s’y mettre à l’abri et se nourrir: des invertébrés à distribution très restreinte comme le Lepidurus apus, des amphibiens en voie de disparition comme le pélobate cultripède (Pelobates cultripes) et la rainette ibérique (Hyla molleri), encore une grande diversité d’oiseaux migrateurs et reproducteurs: des hérons cendrés (Ardea cinerea), des cigognes blanches (Ciconia ciconia), des canards (Anas platyrhynchos, A. acuta, A. crecca, A. clypeata) et des échassiers tels que la bécassine des marais (Gallinago gallinago), les échasses blanches (Himantopus himantopus), les chevaliers (Tringa totanus, T. nebularia, T. ochropus) et, bien sûr, les vanneaux huppés (Vanellus vanellus).

Journées de bénévolat de la SGHN

Journées de bénévolat de la SGHN-Xarxa de Custòdia del Territori

Journées de bénévolat de la SGHN- Libera Naturaleza sin basura 2017 (SEO-ECOEMBES)

Projet de SGHN-PDR Galice 2016-2017 Réseau Natura 2000 

Projet de SGHN-PDR Galice 2018-2019 Réseau Natura 2000

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  • Beón : (nom, botanique). La plante la plus typique non seulement de la lacune d’Antela et du lac de Bión/Beón, mais aussi de toute la zone humide Limia-Antela.
  • Bienfaiteur : (nom). Quelqu’un qui fait du bien.
  • Beón-faiteur (nom, néologisme). Quelqu’un qui fait du bien aux écosystèmes aquatiques de Limia-Antela.

Text traduit par Sergio Méndez Fernández (étudiant du Degré de Traduction et Interprétation de l’Université de Vigo).